Utopie, dystopie, uchronie #1

Bonjour,

Pour ce mois de Juin, le thème du club de lecture est Utopie, dystopie, uchronie (cliquez sur le lien pour voir des définitions de ces termes)

 

Utopie, dystopie, uchronie Juin 2014
Utopie, dystopie, uchronie
Juin 2014

C’est Christelle Pigere qui ouvre le bal en nous encourageant à découvrir 22/11/63 de Stephen King que l’on peut classer dans la catégorie uchronie:

[…]Certains dénonceront une surabondance de détails, et sur le contexte de vie de 1958 à 1963, et sur les faits et gestes de certains personnages, comme le héros ou sa cible. Ah ! mais justement ! qui est le héros? qui est la cible ? Ne devrait-on pas employer le pluriel ? Jack est le héros dans le sens littéraire, mais Oswald pourrait aussi bien l’être, lui l’assassin en devenir, assassin de JFK, mais aussi assassin psychologique de sa propre épouse et assassin de lui-même ! Car c’est lui, davantage que JFK, que l’on suit pas à pas à travers le périple de Jack, lui que l’on apprend à connaître, dans ses idées et son intimité. Quant à la cible… JFK, bien sûr, mais en second plan, Oswald sans aucun doute puisque notre “héros Jack” le traque (avec les meilleures intentions du monde!) mais lui-même, notre Jack – George – Jimla, n’est-il pas une cible ? Celle du temps qui s’écoule, du temps qui peut varier, mais ne peut finalement pas changer.
Car il s’agit bien de cela. Plus qu’un voyage temporel dans les Etats-Unis des années 60, Stephen King nous offre une fable. Chaque auteur y est allé de sa morale et de sa conception, et Master King n’y est pas allé de main morte.
Pour lui, c’est toujours empreint de poésie. Si, si ! Parce qu’il nous livre de la poésie, SA poésie, dans la plupart de ses romans, même les plus “gores” comme diraient certains. Il avait atteint un certain niveau avec Histoire de Lisey, mais il montre qu’il peut toujours aller plus loin. On ne peut pas parler du monde de Stephen King mais DES mondes. 
Dans un premier temps, il apparaît (oh! ben ça, on ne le savait pas !) qu’on ne peut pas changer le passé, les grands événements comme les petits de notre quotidien. D’ailleurs, si nous en avions la possibilité (on est tous capables de dénicher un terrier ! ) il se pourrait fortement que nous nous retrouvions inaptes à le changer, afin qu’il ne devienne pas inepte. Outre le phénomène de l’effet-papillon, on comprend que ce qui est arrivé fait de nous ce que nous sommes, et le personnage de Sadie, la -grande- jolie fiancée de Jack (je vais dire fiancée, sinon Jack va m’en coller une ! ), illustre parfaitement le phénomène. Un passé différent n’aurait pas été notre passé, cela n’aurait pas été notre histoire…
Puis, avec un savoir-faire du tarabiscotage de cerveau, comme il en avait fait preuve dans la longue nouvelle Les Langoliers (Vous-êtes-vous déjà demandé ce qui se passe après-minuit? Tout bascule. Le temps se courbe, s’étire, se replie ou se brise en emportant parfois un morceau de réel. Et qu’arrive-t-il à celui qui regarde, les yeux écarquillés, la vitre entre réel et irréel juste avant qu’elle explose et que des aiguilles de verre se mettent à voler en tous sens ? ) Stephen King voit les actes du monde comme un agencement de cordes. Les hommes (dans son emploi scientifique, ne râlez pas messieurs !) seraient comme des marionnettes. Or, les ficelles de ces marionnettes ne doivent pas s’emmêler et suivre le déroulement du temps, sans chercher à le changer. Sinon, les fils s’emmêlent et nous serons les générateurs de l’anéantissement de la réalité. D’ailleurs, les marionnettistes qui s’emmêlent les cordes, – comme on pourrait s’emmêler les pinceaux, l’image est là ! – finissent avec un carton noir…
Mais pour Stephen King, c’est Carton Vert, et bien luisant en plus ! Mission réussie.
Il y a eu Wells, il y a eu Barjavel. Aujourd’hui il y a King !

22/11/63 Stephen King Albin Michel (Mars 2013)

Certains d’entre vous l’ont-ils lu? Rejoignez-vous Christelle dans son avis? N’hésitez pas à commenter!

Pour ceux qui souhaitent partager un avis mais qui n’ont pas d’idée de lecture, vous pouvez piocher dans notre liste de suggestions.

Nous attendons vos avis, critiques, jusqu’au 30 Juin 2014 à l’adresse mail suivante:

vendredilecture@gmail.com sujet: club de lecture

À bientôt!

 

 

2 commentaires sur “Utopie, dystopie, uchronie #1”

  1. 22/11/63 … un livre qui m’as donné des frissons tant bien sur l’histoire que sur le style d’écriture. On suit la quête principale de George Amberson, alias Jack Epping, et aussi sa belle et merveilleuse histoire d’amour avec Sadie Dunhill. Quand on lit ce livre on a l’impression d’y être, de vivre l’histoire avec Jake. Un livre que je recommande à tout le monde, vraiment, ne passez pas à côté de ce livre qui nous fait voyager en pleine période Rockabilly. Bonne Lecture ;)

  2. Avis et commentaires :

    Pour ce qui est de ce king ;

    Je crains de ne pas être très original mais ce gros pavé m’a emballé tant il est original et bien écrit.

    Tout d’abord, ce livre m’a réconcilié avec l’uchronie dont je m’étais écarté avec le cycle de Scott Westerfeld mais il est vrai que Stephen King est de loin un cran au-dessus.

    Avec ce pavé, Stephen King renoue avec un des grands traumatismes de la société américaine ; l’assassinat de J. F Kenney. Nous sommes dans les premières années du XXI ème siècle et pour Al, l’ami mourant de Jake Eppin (tranquille professeur de littérature), revenir en 1963 et réussir à éviter cet assassinat c’est refaire toute l’histoire des années 1970 et les années suivantes (la Guerre du Vietnam, le meurtre de Martin Luther King, la succession de présidents désastreux type Bush…) Et justement derrière son restaurant rapide, il a découvert incidemment une faille spatio temporelle qui conduit juste fin des années 1950 et s’est permis quelques voyages vers le passé pour corriger des événements antérieurs survenus à des personnes qui lui sont chères et s’il peut s’absenter plusieurs mois ou années dans le passé, dans son époque cela ne représente que de courtes minutes. Attaché au souvenir de Kennedy, il songe alors à vouloir revenir dans le passé pour le sauver mais hélas un cancer fulgurant en phase terminale va l’amener à soumettre son projet à un de ses clients habituels devenu un ami, le très pale et solitaire professeur Jake Eppin.

    Une fois convaincu et alors qu’Al se suicide, muni des notes et repères de son ami, Jake Eppin se lance dans l’aventure de revenir dans les années 50 (fantastique retour en arrière technologique), tenter de mener conjointement la mission qu’Al lui a confié et de corriger le passé de l’un de ses étudiants à l’enfance dramatique. En effet que deviennent les choses lorsque l’on multiplie les corrections du passé (rétro effet papillon) sur les années suivantes et son présent. On se doute qu’avec Stephen King, on ne peut pas s’arrêter à ces seules circonstances et les multiples interventions de Jake vont se compliquer avec une histoire d’amour qu’il va connaître alors qu’il voyage et vit dans le passé, des gros problèmes avec des bookmaker et la mafia (comment pour assurer sa subsistance ne pas être tenté de jouer sur des matchs dont on connaît les scores), un contexte politique difficile avec Lee Harvey Oswald et bien évidemment comment ne pas se faire prendre par les gens rencontrés au jeu de la prophétie…..

    On ne s’ennuie pas un instant et cela offre aussi l’occasion à Stephen King de nous faire partager sa propre conviction sur les circonstances sur le meurtre de Kennedy…

    Je ne dévoilerai pas naturellement la ou les chutes de cette mission de Jake Eppin mais les surprises se multiplient jusque dans les dernières pages et la traditionnelle happy end de tant de romans de ce genre est à oublier.

    Un coup de coeur.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.