Au Club de Lecture ce mois-ci, on se concentre sur les grandes histoires d’amour:
Aujourd’hui Laurie vous donne son point de vue sur l’écume des jours de Boris Vian:
“L’écume des jours ou la plus jolie des histoires d’amour.
Il est de ces chefs-d’œuvre qu’on nous fait lire au collège sous la contrainte et dont on ne retient rien. Il est de ces professeurs de français qui vous donnent la chance de lire quelque chose qui va changer votre monde. Il en va ainsi de mon histoire avec L’Écume des jours de Boris Vian, écrit en 1947, quand en 4ème ma très chouette prof de français de l’époque nous a imposé la lecture de ce livre.
Qui aujourd’hui n’a pas lu L’Écume des jours ? Qui n’a pas pleuré à la fin, rigolé au milieu, rêvé sur les bords en lisant ce livre ?
Je l’avais lu plusieurs fois déjà, la première fois dans mon programme de français au collège et puis régulièrement de temps en temps, tellement il fait du bien ce livre. Ce petit concentré, d’à peine 300 pages, de cynisme, d’humour, de réalisme et surtout d’amour… Alors, quand j’ai senti que bientôt les premières images d’une adaptation cinématographique allaient se faufiler sur Internet, me faussant les souvenirs que j’en avais, j’ai couru à la librairie le racheter. Je l’ai dévoré une nouvelle fois. Avec rires, larmes et passion. J’aime tout dans ce livre. Les patineurs qui s’éclatent sur les bords et qu’on vient nettoyer avec des machines, les murs qui rétrécissent, la petite souris grise, et surtout le pianocktail. J’aime imaginer toutes ces choses fantasmagoriques, qui selon mes âges, mes moments et mes humeurs, sont à chaque fois un peu différents.
Je crois que c’est la plus jolie histoire d’amour que j’ai jamais lue. Je crois aussi que le plus surprenant dans ce livre c’est de se dire qu’il aurait pu être écrit à notre époque. Hier ou demain.
J’ai extrait quelques un de mes passages préférés pour que les extraits traduisent d’eux même mon amour pour ce livre :
« En bas de la plateforme, dans la chambre, il y avait des soucis qui s’amassaient, acharnés à s’étouffer les uns contre les autres. »
Ou encore :
« Ils se rangèrent, en arrivant à l’extrémité droite de la piste, pour laisser place aux varlets-nettoyeurs, qui, désespérant de récupérer dans la montagne de victimes autre chose que des lambeaux sans intérêts d’individualités dissociées… »
Mais aussi…
« Le pharmacien saisit le papier, le plia en deux, en fit une bande longue et serrée et l’introduisit dans une petite guillotine de bureau. Le couperet s’abattit et l’ordonnance se détendit et s’affaissa. »
Et surtout :
« La souris écarta les mâchoires du chat et fourra sa tête entre les dents aiguës. Elle la retira presque aussitôt.
– Dis donc, dit-elle, tu as mangé du requin, ce matin (…)
Elle ferma ses petits yeux noirs et replaça sa tête en position. Le chat laissa reposer avec précaution ses canines acérées sur le cou mince, doux et gris. Les moustaches noires de la souris se mêlaient aux siennes. Il déroula sa queue touffue et la laissa traîner sur le trottoir. Il venait en chantant onze petites filles aveugles de l’orphelinat de Jules l’Apolistique ».
De quoi a-t-on besoin de plus que ces mots, ces lignes et ces pages pour rendre vie et hommage à la plus belle histoire d’amour qui ait été écrite ?”
L’avez-vous lu? Êtes-vous d’accord avec Laurie? Laissez-nous un commentaire!
Et pour celles et ceux qui veulent partager leur avis sur le thème de février, faites-le nous parvenir à
vendredilecture@gmail.com sujet: club de lecture février
avant le 28 Février 2015 minuit.
Bonnes lectures!
Addendum
Noémie nous a également fait parvenir son avis sur ce titre, que vous pouvez retrouver sur son blog.
Et parce que les divergences d’opinions et de goûts font que nous sommes tous uniques, et que le but du Club de Lecture est aussi de prendre en compte l’avis de chacun, découvrez ce qu’en a pensé Véronique:
“Au risque de décevoir beaucoup de monde, je dois avouer que j’ai clairement détesté ce livre. Je me suis forcée à le finir, dans la douleur !
Je ne me suis attachée à aucun personnage, et ce roman n’a suscité aucune émotion en moi, que l’on parle du registre dramatique ou comique. Il m’a manqué des transitions entre les différents évènements. Je n’ai pas accroché au mode de narration, beaucoup trop loufoque à mon goût. J’ai pourtant de l’imagination ! A plusieurs reprises (voire tout le long du livre !) je me suis demandée quelle substance avait bien dû prendre ce cher Boris Vian avant de s’asseoir à sa table d’écriture !Enfin, pour ne pas tout jeter en bloc, il faut avouer qu’il y a un gros travail sur les jeux de mots, et que l’auteur, par ce biais, aborde de nombreux thèmes : l’exploitation des ouvriers, l’addiction, le rapport à l’argent, etc…
C’était mon premier Vian, je tenterai peut être ma chance avec un autre de ses livres.”