Nul besoin d’introduction pour présenter le texte de ce mois-ci (et la recette qui en découle), laissons parler la poésie. Préparez-vous à avoir des étoiles plein les yeux.
« Ils regardèrent, l’un la Grande Ourse et l’autre la Petite. Remué par tant de poésie céleste, le Bombé leva délicatement une fesse, émit un pet plus foudroyant qu’un uppercut, qui monta jusqu’au contre-ut avant de s’achever par une phrase de morse en suave dégradé. Là-dessus, Chérasse attendit avec intérêt le jugement de l’auditoire.
— Pas vilain, apprécia Ratinier, amateur éclairé s’il en fut, virtuose lui-même de l’instrument en question, base essentielle de la communicabilité entre deux êtres imprégnés de simplicité bucolique.
Il ajouta peu après, l’œil rivé à l’étoile du Berger :
— Cré bon Dieu de vieille charogne, t’as un pot de chambre de cassé dans le ventre !
Flatté, le Bombé commenta sa prouesse :
— J’ai mangé des pois à midi.
— C’est donc ça…
— Des Saint-Fiacre. J’en ai ramassé gros, gros, l’an passé.
— Ça promet !
— Pas un charançon !
— C’est vrai que ça sent pas l’insecte.
Le Glaude mijotait sa revanche, puissant et concentré, ne pensant plus même à tirer sur sa cigarette. L’air retrouvait peu à peu sa pureté virgilienne quand, des entrailles, sinon de la terre, du moins de celles de l’ancien sabotier jaillit un ululement qui n’avait rien d’humain. C’était si déchirant, si poignant aussi que le Bombé en sursauta sur le banc. Ratinier triompha, hilare, après le couac subtil de la dernière note :
— Ho, l’ami ! Qu’est-ce que t’en dis, de celui-là ? Y faisait bien un kilomètre, un kilomètre et demi de long, non ?
— Pas loin, admit Cicisse beau joueur. On se demande où que tu vas chercher tout ça.
— Lard aux lentilles, expliqua le maestro sur un ton professoral. Y a pas mieux pour la sonorité. Ça fait cuivre.
Enfumé comme un blaireau dans son terrier, le Bombé se dressa sur ses pieds.
— C’est pas tenable, avoua-t-il, je vas prendre l’accordéon, ça fera un peu de brise, avec les soufflets. »
Pfiou, cet extrait m’a littéralement coupé le souffle !
Alors, avez-vous deviné d’où provient ce passage ?
Oh non, petit malin, ce n’est pas la Horde du Contrevent, encore moins Autant en emporte le vent !
C’est un extrait de La Soupe aux Choux de René Fallet, prix Rabelais en 1980 et adapté au cinéma en 1981 avec De Funès, Villeret et Carmet.
Forcément, dans une rubrique alliant recettes de cuisine et littérature, nous ne pouvions faire l’impasse sur La soupe aux choux. Là, je vous ai mis le fameux extrait de “l’appel aux étoiles”, mais plus loin dans le roman, le Bombé nous donne sa fameuse recette de la soupe aux choux. C’est, à quelques détails près, la même que celle décrite ci-dessous (en même temps, il n’y a pas 1001 façons de faire une soupe aux choux).
La soupe au chou
- 1 chou vert pas trop gros
- 4 pommes de terres moyennes
- 2 carottes
- 2 oignons
- 2 gousses d’ail
- Environ 1,5 L de bouillon de légume
- Sel, poivre
- Bouquet garni
Commencez par éplucher le chou en enlevant les grosses feuilles extérieures.
Ensuite, coupez le chou en 2 et enlevez-lui son cœur à la mode Indiana Jones et le temple maudit.
Émincez le chou en fines lamelles.
Portez une grosse casserole d’eau salée à ébullition.
Une fois que l’eau bout, plongez-y les lamelles de chou et faites les blanchir pendant 2-3 minutes. Puis égouttez le chou.
Pendant ce temps, épluchez les carottes et les pommes de terre et coupez-les en petits dés.
Émincez les oignons et écrasez les gousses d’ail.
Dans une marmite, faites revenir l’oignon et l’ail dans un peu de beurre.
Ajoutez-y ensuite les carottes, les pommes de terre et le chou.
Recouvrez bien de bouillon , n’hésitez à rajouter s’il en manque un peu.
Salez, poivrez et ajoutez le bouquet garni.
Portez à ébullition, puis laissez mijoter à feu doux pendant une trentaine de minutes.
Si vous voulez un plat qui tienne un peu plus au corps, vous pouvez ajouter dans le potage en fin de cuisson un saucisse fumée (la Morteau par exemple) que vous détaillez en rondelles et que vous ajoutez ensuite dans chaque assiette.
Vous pouvez aussi, comme le Bombé, y ajouter quelques lardons revenus à la poêle auparavant.
Avec cette soupe au chou, vous pouvez vous aussi attirer un Oxien, comme la Denrée. Mais avant cela, il va falloir l’appeler… Si vous voulez j’ai une excellente recette de plat aux pois.
Oh oui, des pois !!!