Cette semaine, nous sommes allés à la rencontre de Olivier Deloye et Philippe Thirault scénariste et illustrateur de Ô Verlaine, édité par Steinkis. Il s’agit de l’adaptation BD du roman de Jean Teulé.
Team VL : Nos lecteurs ne vous connaissent peut-être pas, vous pouvez vous présenter en quelques mots ?
Philippe Thirault : Je suis scénariste de bd depuis un peu plus de vingt ans. Je n’ai pas suivi de formation particulière pour exercer ce métier, j’avais juste l’envie de raconter des histoires et la bande dessinée, dont j’étais un grand lecteur, m’a semblé être un médium adéquat.
Olivier Deloye : Je m’appelle Olivier Deloye, je suis illustrateur depuis maintenant plus de quinze ans. Après des études de communication visuelle et un premier métier (exercé très rapidement) de directeur artistique dans la publicité, j’ai pris mon courage à deux mains pour tout lâcher et réaliser mon rêve d’enfant: faire des livres et dessiner des bédés !
Team VL : C’est la première fois que vous collaborez ensemble, comment est née l’idée ?
PT : Notre rencontre a été provoquée par Elisabeth Haroche, une éditrice avec laquelle j’avais déjà travaillé. C’est une personne en qui j’ai entièrement confiance, alors à chaque fois qu’elle me propose de participer à un projet et de collaborer avec un nouveau dessinateur, j’ai confiance en ses choix et je dis banco.
OD : Par le biais d’Elisabeth Haroche, éditrice qui nous a suivis sur ce titre, avec qui j’avais collaboré au tout début de ma carrière sur l’adaptation d’Oliver Twist. C’est elle qui s’est dit que le duo pourrait bien fonctionner… Quelle chouette idée! :)
Team VL : En regardant vos biographies, on se dit que pour tous les 2, cette BD est virage par rapport à vos habitudes (Emile et Margot vs Verlaine pour Oliver, SF vers histoire pour Philippe) : est ce que ça a changé votre façon de travailler ?
PT : L’histoire de SF que j’ai publiée en BD était également l’adaptation d’un roman (de Robert Silverberg). J’avais par ailleurs déjà adapté d’autres romans en bd (Le Père Goriot, Hucklberry Finn, la Guerre des boutons), donc pour ô Verlaine je n’étais pas en terrain inconnu.
OD : C’est vrai que l’on me connait surtout pour la série jeunesse “Emile et Margot”, que j’adore même si elle me prend beaucoup de temps… Mais cela fait en fait plus de 4 ans que je fais des incursions régulières dans l’illustration et la bd dites adultes… Il y a, après Ô Verlaine, d’autres projets en préparation.
Et oui, c’est une façon complètement différente de travailler, non pas par rapport au fait que ces projet s’adressent à un public différent, mais plutôt parce qu’ “Emile et Margot” parait en magazine. Je dois donc être très régulier et dessiner une histoire de 6 planches tous les mois. Cela peut s’apparenter à de petits sprints ponctuels et réguliers, tandis que sur Verlaine, j’ai dû ménager mes efforts et tenir sur la longueur. Cela s’approche plus, en gardant cette image de course, à un marathon…
Et la grande différence également comparé à mes projets habituels est que cet album s’inscrit dans une époque précise, avec des lieux précis, des personnages ayant réellement existé. Il y a donc un travail de documentation en amont auquel je suis peu habitué.
Tout cela m’a demandé une énergie complètement différente.
Team VL : Cette BD ensemble, est-ce un projet unique ou début d’une longue collaboration ?
PT : J’ai été enchanté par les pages d’Olivier donc si nous retravaillons ensemble un jour, je serai ravi. Mais les collaborations régulières sont plutôt rares en bd, et aujourd’hui les projets viennent plus des éditeurs que des auteurs.
OD : C’est pour le moment un projet ponctuel mais sait-on jamais… Si on en a l’occasion, je serais ravi de retravailler avec Philippe. Et/ou d’adapter un autre roman de Jean Teulé, dont je suis un lecteur assidu !
Team VL : Chaque début de semaine, nous posons #LaPetiteQuestionDuLundi à nos participants. La plus fameuse d’entre elles est la suivante : Avec quel personnage de la littérature voudriez-vous être coincé.e dans un ascenseur ? Et pourquoi ?
PT : Esther Van Gobseck, l’amante de Lucien de Rubempré dans Splendeur et misère des courtisanes de Balzac. C’est l’incarnation de la Beauté, de la Passion, et de la Tragédie, tout ce que j’aime en littérature, et que Balzac sait rendre à merveille. Et puis j’aurais aimé être Lucien, ce poète magnifique. J’ai toujours été fasciné par les êtres qui creusent leur propre tombeau.
OD : Oulah…Je dirais avec Willy Wonka, si l’ascenseur est le sien, en verre, dans sa chocolaterie loufoque !
Team VL : Nous invitons chaque semaine les internautes à partager leur #MardiConseil. Quel est le meilleur conseil de lecture que vous avez reçu et/ou donné ?
PT : Un de mes auteurs préférés est James Ellroy, et je l’ai découvert parce qu’on m’a placé un de ses bouquins entre les mains : Le Dahlia noir. Par la suite j’ai tout dévoré de lui. J’aime la noirceur vertigineuse de son univers, et l’horlogerie de son écriture. Je trouve qu’il atteint une sorte de perfection avec Le Grand nulle part.
En terme de conseil donné, je me félicite toujours de faire découvrir Tendre jeudi de Steinbeck, un feel-good book, comme on dirait aujourd’hui !
OD : Alors, je vais axer mes réponses sur de la bande dessinée, pour ma part. Un conseil que l’on m’a donné, je ne sais pas précisément… Mais enfant, une amie de ma mère m’a proposé de fouiller un après-midi dans sa bibliothèque, histoire de m’occuper pendant que les adultes discutaient.
C’est comme ça que j’ai découvert le tome 4 de Rubrique à Brac de Marcel Gotlib. Une incroyable claque, mon premier vrai grand choc esthétique et intellectuel. J’avais 10-11 ans mais je me rappelle des sensations éprouvées comme si c’était hier ! (Le second choc de lecture a été quand on m’a prété “Maus” d’Art Spiegelmann… Un virage lui aussi dans mon approche de la bd)
Et ce que j’ai pu donner comme conseil… j’ai tout récemment mis entre les mains d’un copain, grand lecteur de mangas actuels (qui sont très bien, hein) des ouvrages classiques d’Osamu Tezuka.
Il n’en avait jamais lu, il est en train de tout dévorer ! Ce qui me fait très plaisir !
Pour en savoir plus sur Ô Verlaine, rdv demain !