À la rencontre de #15 – Michaël Martin et les éditions L’Ire de l’Ours

Demain, L’Ire de l’Ours vous offre 4 nouveautés de son catalogue. Nous en avons profité pour interroger Michaël Martin, un des cofondateurs de la maison d’édition et également auteur.

Michaël Martin

Michaël Martin, vous êtes co-fondateur et éditeur des éditions L’Ire de l’Ours. Présentez-nous cette maison d’édition associative auvergnate.

L’idée est née de l’amour des mots, des livres et du fait que l’Auvergne accueille peu de maisons d’édition, si l’on excepte quelques maisons régionalistes ou d’autres très spécialisées. Pourtant l’Auvergne est une terre  d’écriture : je pense notamment à Henri Pourrat, Valéry Larbaud, Albert Londres ou Jean Anglade (j’en oublie !) mais peut être encore plus Alexandre Vialatte qui fut le traducteur français de Kafka et dont l’œuvre est singulière.

Nous sommes des « amateurs », au sens premier du mot : des amoureux. Éditer n’est donc pas notre métier, mais une passion que nous essayons de faire de notre mieux avec de petits moyens, étant associatif ! Mais nous disposons aujourd’hui d’une belle diffusion, même si bien des choses restent à faire. Enfin, nous tenions à une dimension « solidaire » qui fait que chaque publication aide à financer la suivante, les auteurs renonçant aux droits d’auteur pour les premiers tirages. Notre seul but est donc de rendre disponible les textes d’auteurs, jeunes ou moins jeunes qui peuvent ainsi trouver un public.   

 

Vous êtes également auteur et vos textes sont publiés chez L’Ire de l’Ours. Vous écrivez de la prose et de la poésie. Comment passez-vous d’un format à l’autre ?

Naturellement, au fond. J’ai commencé à écrire de la poésie vers l’âge de 16 ans et je me suis tourné rapidement vers l’écriture de nouvelles et d’un petit récit, Après la nuit. À cette occasion, j’ai développé une prose très « chantante » dans le sens où elle s’appuie sur des jeux de sonorités et d’images mélangées. C’est une des particularités de La femme du dessus qui entend aussi mélanger les genres : l’histoire d’un amour fou teintée d’érotisme avec un soupçon de fantastique, le tout parsemé de références culturelles.   

Je suis également historien et c’est peut-être ces deux formats qui diffèrent le plus chez moi : je n’ai pas du tout la même façon d’écrire un article sur la magie antique et un poème. Et pourtant, là encore, je crois que chez moi les deux sont indissociables lorsqu’on y prête attention.  

  

Ce nom, L’Ire de L’Ours, évoque l’Antiquité et la croyance des ours mal léchés véhiculée par les conceptions inabouties de Pline l’Ancien. Pourquoi avoir choisi ce nom ? Et en tant qu’auteur et éditeur, quel grognon êtes-vous ?

Le nom est venu presque naturellement. Là encore, il est polysémique. J’avais songé un premier temps au « désespoir des singes » mais certains de mes proches, qui font partie de l’aventure, trouvaient cela peu vendeur. Ces derniers me comparant souvent à un ours, je leur ai alors dit :   « Vous préférez L’Ire de l’Ours » et leur réaction fut unanime. Autant, je crois, pour le jeu de mots qu’il véhicule que pour cette colère qui nous anime tous ; écrire c’est témoigner, c’est crier sur le papier un message porteur de sens.

Mon roman a d’ailleurs aussi été écrit pour cette raison : écrire pour ne pas effacer, écrire pour continuer à vivre… J’avoue qu’en tant qu’éditeur, les motifs de grognements ne manquent pas. Faire renoncer les auteurs aux quelques euros que leur écrit aurait pu leur rapporter n’a pas toujours été chose simple. Mais lentement, l’idée a fait son chemin. Loin des logiques économiques, j’avoue être plutôt dans « l’art pour l’art »…      

 

Nous invitons chaque semaine les internautes à partager leur #MardiConseil. Quel est le meilleur conseil de lecture que vous avez reçu et/ou donné ?

Pour le conseil de lecture reçu, il venait de mon oncle qui était professeur de français. Il s’agit de Gatsby le Magnifique de Francis Scott Fitzgerald qui m’a permis de découvrir cette œuvre centrale de la « génération perdue » et un auteur au destin hors du commun, bien avant qu’il ne redevienne à la mode quelques années plus tard et alors que beaucoup lui préféraient Hemingway. J’aimais déjà les chemins de traverse.  

Si je devais donner un conseil de lecture, il s’agirait de Trois chevaux d’Erri De Luca dont l’écriture est pour moi d’une grande poésie et d’une profonde pureté. Je fais souvent mienne cette phrase rapportée par France Culture : « Je continue d’habiter des feux éteints ».   

Chaque début de semaine, nous posons #LaPetiteQuestionDuLundi à nos participants. La plus fameuse d’entre elles est la suivante : Avec quel personnage de la littérature voudriez-vous être coincé dans un ascenseur ? Et pourquoi ?

Au risque de paraître un brin bravache, mais sans hésitation : avec Mila, l’héroïne de mon roman. Et si vous désirez savoir pourquoi, le mieux est peut-être de le lire, vous ne croyez pas ?

 

Un grand merci à Michaël Martin pour le temps qu’il nous a consacré ! Rendez-vous demain pour découvrir les titres offerts par L’Ire de l’Ours.